Récemment, le gouvernement fédéral a mis en place de nouvelles mesures en lien avec le financement résidentiel. L'objectif: donner un coup de pouce aux premiers acheteurs afin d'augmenter leur mise de fond, et ce, avec un emprunt sans intérêt.
Ce n'est pas un secret, la croissance soutenue du prix des maisons lors des dernières années a rendu l'accès à la propriété de plus en plus difficile pour les jeunes acheteurs. Comme nous l'avons démontré lors de notre présentation du rapport multiplex en février dernier, le prix des unifamiliales augmente beaucoup plus rapidement que le coût de la vie.
Les mesures mises en place par le gouvernement permettront aux nouveaux acheteurs d'augmenter leur mise de fond par l'entremise d'un emprunt sans intérêt et pouvant être repayé lors de la vente. Cela diminuera donc les mensualités et facilitera l'accès à la propriété. Il y a par contre certains aspects que nous abordons dans notre rapport multiplex et qu'il ne faudrait pas négliger:
- La majorité des baby-boomers (qui sont en très grande partie propriétaires) commenceront à vendre leurs maisons au courant des prochaines années. Logiquement, si trop d'entre eux essaient de vendre dans un environnement où les acheteurs sont plus rares, ils devraient ajuster leur prix à la baisse pour augmenter leurs chances de vendre.
- Le nombre de transactions d'unifamiliales a largement diminué depuis 2012 et il semble y avoir une petite reprise au cours des deux dernières années; cela serait cohérent avec l'augmentation des ventes par les baby-boomers.
- La croissance des prix avait clairement ralenti au courant des dernières années, fait visible sur le graphique plus haut.
Donc, avec une hausse des mises en vente (Hausse de l'offre) jumelée à un ralentissement du nombre de transactions et un manque d'acheteurs en raison de l'accès difficile (Baisse de la demande), il est tout-à-fait logique de croire qu'on aurait pu s'attendre à une baisse des prix ou un ralentissement éventuel du marché résidentiel. En effet, une trop grande offre sur le marché pour une trop petite demande aurait naturellement forcé le marché à s'ajuster à la baisse. Conséquemment, les forces du marché auraient fini par faciliter l'accès pour les jeunes.
Pendant ce temps, le tout ce serait traduit par une forte demande locative. Le loyer médian augmente moins vite que le coût de la vie et quand les jeunes ne peuvent pas acheter, ils louent !
Les mesures du gouvernement viennent donc potentiellement contrer cet effet de marché. En intervenant sur le marché, le gouvernement vient stimuler une demande qui autrement, ne serait pas présente. À l'extrême, même si cela peut faciliter l'accès à la propriété plus rapidement, on peut aussi croire que cela gardera "artificiellement" le prix des maisons élevé.
Pour le marché locatif
On peut alors en déduire que si les jeunes ont plus de facilité à acheter, la demande locative pourrait diminuer de leur côté. Gardons en tête par contre que beaucoup des baby-boomers iront en logement une fois leur propriétés vendues. Ce n'est donc pas facile de mesurer si ces mesures auront réellement un effet important sur le marché locatif. Il reste tout de même qu'en intervenant ainsi sur le marché, le gouvernement vient stimuler des acheteurs qui ne se seraient pas manifestés et qui auraient plutôt laissé le marché agir sur les prix.